Capturées en Chine, dans la région rurale du Yunnan, ces images se sont répandues comme une traînée de poudre sur la toile. On y voit un jeune écolier chinois aux cheveux blancs de givre complètement gelés. Wang Fuman, âgé de seulement 8 ans, a bravé les températures négatives pour arriver coûte que coûte sur les bancs de l’école.
Le périple du petit Wang Fuman pour aller à l’école
Chaque matin, pour se rendre à l’école, Wang Fuman parcoure courageusement plus de 4,5 kilomètres à pieds sur des sentiers de forêt. Au matin du 8 janvier 2018, dans la province du Yunnan, les températures chutent à – 10 °C, mais l’élève a tout de même bravé les conditions extrêmes pour aller à l’école.
C’est son professeur qui, en voyant l’enfant arriver dans cet état, a décidé de le prendre en photo, ainsi que ses mains éprouvées, avant de partager ces clichés sur le réseau social chinois Weibo. Très rapidement, sur d’autres réseaux très fréquentés, le hashtag #IceBoy a été partagé par de nombreux internautes émus partout à travers le monde. Personne ne reste indifférent en voyant ce visage innocent violemment pris pour cible par le froid.
Un élan de solidarité pour les écoliers
Bien que ses camarades de classe semblent s’amuser de sa chevelure congelée, les images du petit Ice Boy montrent ses joues rouges, ses mains gercées et abîmées par le froid. Les autres images partagées par le professeur de la classe révèlent que l’école ne dispose pas de chauffage, et que la plupart des écoliers, issus de familles pauvres pour la plupart, ne possèdent que peu de vêtements appropriés pour de telles conditions.
En effet, si la polémique enfle après la diffusion de ces images, le fait n’est pourtant pas isolé : il n’est pas rare que les enfants de la région arrivent à l’école avec une impressionnante coiffe de givre et des engelures sur les mains. La plupart des familles locales n’ont pas les moyens d’acheter de bons vêtements chauds ou des chaussures étanches, et les expéditions « polaires » des enfants dans de telles conditions ont poussé le professeur au ras-le-bol.
La solidarité internationale ne s’est pas faite attendre : des dizaines de milliers d’euros de dons ont afflué. Des chaussures, des gants, des bonnets, des vestes et des vêtements chauds ont été offerts en quantité aux élèves. Les dons de la Ligue Communiste de la Jeunesse de la région du Yunnan ont permis d’installer le chauffage dans l’école, alors qu’auparavant les élèves étudiaient en restant emmitouflés dans leurs manteaux pour résister tant bien que mal au froid.
Les médias s’emparent d’un sujet brûlant
Cette histoire touchante ne s’arrête pas là : les médias se sont rapidement saisis de l’histoire de Ice Boy, parmi lesquels le média shangaïais Thepapaer.cn, et plus tard par la BBC ou encore le site d’information Pear Vidéo, qui a enquêté sur les conditions de vie du garçon. On apprend alors qu’il vit seul avec sa grand-mère et sa sœur dans une petite maison en terre et en briques, et que son père travaille en ville et ne rentre auprès de ses enfants que tous les 4 ou 5 mois.
Les aventures de Wang Fuman et de ses camarades a soulevé le débat sur la pauvreté des villages isolés, et le manque de moyens dont disposent les habitants vivant dans les zones rurales du pays. Le cas du petit Wang n’est pourtant pas isolé, et illustre le problème de la pauvreté infantile, qui touche des millions d’enfants chinois mis de côté par leurs parents, souvent obligés de travailler dans les grandes villes. Wang Fuman est devenu le visage des inégalités sociales et économiques qui s’accentuent dans le pays, en dépit des promesses du président Xi Jinping.
Mais malgré le manque de moyens des écoles et des habitants, les écoliers chinois de province conservent une soif d’apprendre à l’épreuve des obstacles, faisant preuve d’un courage et d’une détermination inattaquables. Interrogé par le quotidien américain The New York Times, Wang Fuman ne perd pas espoir en son avenir. Il rêve plus que tout de devenir scientifique ou policier, et espère aller un jour à l’université pour faire de longues études.
Devenu politique, le sujet des inégalités est porté sur le devant de la scène et relance les concertations gouvernementales sur les budgets alloués aux municipalités les plus démunies. Le financement des améliorations des performances énergétiques des bâtiments publiques et équipements municipaux n’a pourtant pas encore été abordé dans les discussions attisées par cette histoire polémique.